On appelle C-Log, l’atout logistique du groupe Beaumanoir (qui possède Cache Cache, Breal, Bonobo, Scottage, Morgan). Il y a quelques années, sa filiale C-log s’est tournée également vers des clients externes en signant des contrats avec Maje, Sandro Kickers, Eden Park., Kickers, etc. En effet, C-log, qui travaille aussi en Chine a importé de la bas ses méthodes qui lui permet de livrer aux magasins n’ont pas des 2-3 colis mais colis mais des pochettes contenant seulement 1 ou 2 pièces.
Un des 5 entrepôts de C-log qui se trouve à Cambrai s’est libéré depuis trois ans. Voici le témoignage de son directeur du site sur leur chemin de libération qu’il m’a adressé.
Il n’y a pas de recette miracle !
Histoire de libération d’une filiale du groupe Beaumanoir
par Julien Basquin
Mon Histoire
Je fais partie de C-log, filiale logistique du groupe Beaumanoir (Saint Malo) 5 sites logistiques en France. Je suis le responsable du site de Cambrai dans le Nord : 48 CDI / 23 ETP intérimaire, 6,5 millions de pièces expédiées par an, 12 500m².
Après un BTS communication des entreprises (2004-2006), j’ai eu besoin de trouver un travail fixe pour payer mon loyer et assumer ma famille. J’ai trouvé un job d’intérim. Agent logistiques, j’ai pratiqué tous les postes. Apres quelques mois, j’ai obtenu un CDD en tant que standardiste au service réception. Courant 2007 je suis devenu chef d’équipe (CDI) en préparation de commande. Je reste chef d’équipe pendant 6 ans durant lesquels j’ai le temps de mesurer tous les enjeux du rôle de chef d’équipe et de la logistique intégrée. Relais de la direction en proximité avec ses équipes, je comprends les besoins des salariés et les enjeux de l’entreprises, j’ai fait le tour des services, j’ai établi un lien de proximité avec les salariés… C’est à ce moment-là que l’on me propose la place de responsable de site. J’accepte immédiatement le job ! De chef d’équipe à responsable de site, la dimension est différente et je m’interroge sur la manière de bien manager le site.
Prise de conscience
Quelques temps avant, j’avais regardé sur ARTE « Le bonheur au travail ». Très marqué par le témoignage de Jean-François Zobrist et le vôtre, je me retrouve dans ce type de management. Avec l’aide de Christian Lecorre (consultant) qui me conforte à 100% dans mes idées pour prendre le relais de la direction du site, j’explique auprès de mes chefs d’équipe l’orientation du nouveau management.
Première action : je diffuse à mes chefs d’équipe (3) et à mes techniciens (8) le film « Le bonheur au travail afin qu’ils comprennent mon ambition d’appliquer une nouvelle philosophie de management. Les six premiers mois ont été très difficiles car le changement était important.
Sur le principe que l’homme est naturellement bon, remettre l’Humain au centre de nos préoccupations était une priorité ! J’ai réuni les équipes pour leur demander ce qu’ils trouvaient de positif et de négatif dans leur quotidien. Pas mal de choses sont remontées. Le point de vue des intérimaires étaient très intéressant car ils avaient un œil neuf ! Afin de laisser les salariés s’exprimaient librement, ni les chefs d’équipe ni moi n’étions présents : les salariés craignaient de s’exprimer. Ils conservaient l’idée que dire les choses au chef pouvaient se retourner contre eux.
J’ai accompagné au quotidien mes chefs d’équipe et leurs techniciens durant cette période. Ce n’était pas évident pour eux car ils n’avaient pas l’habitude d’avoir la liberté d’agir dans leur service. Pour certains il s’agissait simplement de les conforter dans leurs actions. Pour d’autres il s’agissait d’un travail plus profond, proche de la « psychanalyse » !
Pendant 6 mois, c’était assez compliqué. A tel point que je me disais que ça ne marcherai pas ! Jusqu’au jour du déclic où mes chefs d’équipe ont compris ! Ils ont compris que j’avais confiance en eux, qu’ils étaient mieux placés que moi pour faire évoluer les choses et que leurs agents étaient également mieux placés qu’eux pour faire évoluer les choses. Ils pouvaient devenir Libres !
Nous avons réussi à impliquer les agents en les formant, en les responsabilisant, en donnant des missions spécifiques, en créant du lien avec eux, en comprenant leur besoin, en détectant leur capacité. Au bout de six mois nous constations sans effort une hausse de la productivité dans plusieurs secteurs alors que les salariés remontaient qu’ils ne travaillaient pas plus ou plus vite mais plutôt que les améliorations apportées leur permettaient de travailler mieux ! Nous ressentions également une bonne ambiance au sein de l’entrepôt. Je me suis dit à ce moment-là que nous avions franchi un cap et qu’il fallait poursuivre sur cette voie.
Faire en sorte que les salariés reprennent confiance dans l’entreprise et s’approprient les choses.
Quoiqu’il en soit, je dois tenir mon rôle de responsable d’entrepôt et atteindre mes objectifs: baisser les charges, augmenter la prod, dégager des bénéfices…
En bon père de famille qui gère son budget et en accord avec l’ensemble des salariés de notre site, je mets en place certaines actions pour réduire les charges. Par exemple, j’ai supprimé le contrat avec l’entreprise qui entretenait le site pour faire l’acquisition d’une auto-laveuse. Il s’agissait d’une dépense de l’ordre de 20 000 € par an. Les agents entretiennent leur lieu de travail. Ensuite j’ai missionné deux salariés, bricoleurs touche à tout, pour améliorer le quotidien : amélioration des postes de travail, un coup de peinture dans l’entrée à la place des parpaings gris… J’ai supprimé une salle de réunion inutilisée pour étendre la salle de pause, nous y avons installé des canapés, nous en avons profité pour décorer la salle de pause (plus convivial, plus moderne, plus pratique) et avons créé une cuisine (comme à la maison !). Nous avons ensuite créé une terrasse extérieure en bois, installé des tables pique-nique et une tonnelle. Nous avons créé des carrés potagers (aromates la 1ere année, la deuxième année nous avons mis des tomates, des tomates cerises, des courgettes, des poivrons, des potimarrons). J’ai mis en place un partenariat avec un apiculteur pour installer des ruches, pour les abeilles et pour les salariés. Nous avons planté 50 pieds de framboises et 30 pieds de fraise. En quelques mois, les salariés ont vu leur quotidien s’améliorer! Mes supérieurs m’ont laissé la liberté dans les actions que je voulais mettre en place tout en me rappelant qu’il ne fallait pas que j’oublie que notre cœur de métier était de distribuer des vêtements.
Je me suis ensuite attaqué à leurs outils du quotidien. Nous avons renouvelé tout le parc de pistolet radio fréquence pour la préparation de commande. Nous avons créé de nouveau poste d’exploitation mobile. Durant ce temps, j’ai expliqué par des réunions d’informations le business de l’entreprise : tableau de bord, suivi budgétaire, ratio de productivité. J’ai mis en place des bornes télé pour informer les salariés de tous les résultats de l’entreprise. Les productivités ont continué à augmenter et nous ressentions une ambiance sur le site comme jamais nous avions connu !!!
Pour répondre aux besoins de notre activité, nous avons recours au travail temporaire. Je ne voulais plus de ce fonctionnement où nous « consommions » du personnel. Interdiction de contacter des intérimaires le matin même du besoin. Réduire le nombre d’intérimaire mais augmenter la durée des contrats. Considérer l’intérimaire comme un CDI. En un an sur une activité comparable, nous avons réduit notre consommation intérim de 10% en augmentant la durée des contrats de 25%. Ainsi la formation des intérimaires étaient plus intéressantes pour l’entreprise mais aussi pour eux. Depuis 2014, nous avons embauché 14 personnes.
Poursuivre sur ce chemin…
J’ai conscience que les résultats obtenus aujourd’hui sont le concours de pleins paramètres. Il n’y a pas de recette miracle ! J’ai conscience d’avoir la chance que ma direction m’ait laissée libre dans mes choix et mes envies. J’ai conscience que dans le nord, de par son histoire, le personnel a besoin d’avoir un « chef ». Chaque jour, je fais le tour du site, je salue chaque salarié et je prends le temps de discuter avec untel ou untel. Je ne sais pas ce que pourrait notre prochaine action, je regarde ce qu’il se fait ailleurs, je me demande si on peut le mettre en place chez nous ! Il faut tenter, essayer…
Je pense qu’aujourd’hui les salariés du site sont contents de l’entreprise dans laquelle ils travaillent.