Une interview que nous avons donné à l’Express et qui résume très succinctement le pourquoi de l’entreprise libérée.
Bien vivre au travail: « L’entreprise s’est construite contre la nature humaine »
Par Olivier Monod publié le
L’entreprise est-elle tellement génératrice de mal-être?
Depuis deux siècles, l’entreprise s’est construite contre la nature humaine. C’est-à-dire contre les besoins fondamentaux et universels des êtres humains que sont l’égalité intrinsèque, le développement personnel et l’autodirection. Je fais référence ici aux travaux de Deci et Ryan, qui sont arrivés à cette conclusion grâce à des recherches empiriques plus abouties que la théorie des besoins de la pyramide de Maslow. Résultat, selon le sondage Gallup de 2012, seulement 9% des salariés sont engagés dans leur travail en France.
Comment l’organisation professionnelle peut-elle prendre en compte ces besoins?
Il faut tout changer. Cette démarche ne se satisfait pas de demi-mesures. Il faut démanteler complètement la bureaucratie hiérarchique pour arriver à l’organisation basée sur la liberté et la responsabilité de chacun. L’essence même de la hiérarchie, c’est un supérieur disant à son N-1 ce qu’il doit faire. Cela nie l’égalité intrinsèque des individus. Il n’y a pas de respect de la capacité du salarié à trouver sa propre solution.
Lire l’interview ici.
Bonjour Isaac,
Merci pour ce partage mais je trouve dommage de résumer le sujet de cette façon. OK pour le constat mais sans approfondissement des causes racines de cette construction on reste dans l’utopie de devoir faire la révolution. Je n’aime pas globaliser mais je pense que la dérive vient du besoin de faire entrer dans l’entreprise des compétences techniques élevées pour progresser/croître et le « recyclage » de ces compétences par la promotion (par exemple, l’ingénieur qui devient manager sans rien comprendre de ce qu’est la création de valeur du management) qui a fortement pollué l’entreprise. Les compétences techniques ont été (et sont encore toujours) recrutées pour apporter des solutions à des problèmes. En gravissant les échelons le même schéma est dupliqué dans le rôle du manager avec « ses » solutions imposées d’où déshumanisation des relations et baisse dramatique de l’implication des collaborateurs. Dans le temps, cet effet pervers a grandi avec chaque entreprise jusqu’à avoir de multiples strates d’inefficacité jusqu’en haut de la pyramide.
Or, comme le grand jour n’est pas pour demain et que trop rares seront encore demain les dirigeants prêts à se lancer sur le chemin de l’entreprise libérée il me semble nécessaire de trouver un autre angle d’approche : pour déployer efficacement la transformation nécessaire des entreprises, je préfère privilégier la mise en oeuvre de solutions gagnant-gagnant à partir de la base ce qui permet de convaincre les dirigeants par le résultat. C’est en by-passant les strates intermédiaires dans un premier temps (avec l’appui du dirigeant) qu’on arrive ainsi à faire évoluer les choses par le résultat.
Pour finir, je reste un ardent promoteur de l’entreprise libérée et comme vous j’utilisais souvent la référence Claude Onesta (les dirigeants aiment beaucoup les références au sport qui gagne) jusqu’à ce que je découvre que ce n’est qu’une façade pour ce cher Claude qui avouait, il y a peu, ses penchants manipulateurs en laissant ses joueurs croire qu’ils décidaient de la stratégie. Mais ça ce n’est que de la com de gens qui gagnent (ou de la réduction de dissonance, comme on veut).
Cordialement.