Peut-on définir et mesurer le bonheur ?

Luc Ferry

Le Figaro, 26 Jul. 2012

Luc Ferry a fait dans cet article un lien intéressant entre la mesure du bonheur et le bien-être et l’implication des salariés.
Ajoutons que la performance de l’entreprise se mesure matériellement (les bénéfices, la part de marché,…) mais également humainement (implication, niveau de stress, bien-être,…). C’est quand les entreprises remplacent une vraie vision par la simple mesure matérielle, que le matériel commence à leur échapper.
 

Au soleil, à la montagne ou à la mer, les vacances sont par excellence le moment où la recherche du bonheur est à l’ordre du jour. L’étymologie du mot « travail » – tripalium, une roue traversée de trois pieux ( palus ) auxquels on attachait les criminels au Moyen Âge avant de les torturer – l’indique assez, ne fût-ce que par contraste.

Depuis l’émergence, au XVIII e  siècle, des grandes morales laïques, le bonheur fait l’objet d’une querelle philosophique. D’un côté, les utilitaristes anglais tiennent qu’un « calcul des plaisirs et des peines » est possible. C’est Jeremy Bentham, le père fondateur de l’utilitarisme, qui jette les premières bases de cette nouvelle éthique. Son principe est assez simple : une action est bonne quand elle tend à augmenter la somme de bonheur dans l’univers, mauvaise dans le cas contraire. En quoi, à l’inverse de ce qu’on s’imagine souvent chez nous, l’utilitarisme anglais n’est pas nécessairement une doctrine égoïste : c’est bien la somme globale de bonheur qu’il vise, pas nécessairement mon seul bien-être personnel. J’ajoute que cette vision du monde sous-tend les grands codes juridiques anglo-saxons qui conçoivent le droit comme un système de protection des intérêts. Pour s’appliquer, cette morale suppose toutefois une condition : qu’il soit possible de définir et de mesurer le bonheur, de calculer, pour une action dont on veut évaluer la moralité, son bilan coût/avantage, souffrance/joie.

 

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