par Alexandre Chavanis

https://www.youtube.com/watch?v=UJ6HNg0RgIs

Note : Alexandre, un jeune homme de 19 ans, nous a contacté spontanément et a résumé l’histoire étonnante qu’il a vécu en tant que lycéen. A notre demande, il l’a raconté davantage en detail. Elle mérite la lecture.

 

Je m’appelle Alexandre Chavanis, je suis un jeune homme de 19 ans, étudiant dans une école de management hôtelier. Diplômé d’un baccalauréat STMG en juin 2019, c’est au lycée des Bressis, en région Annécienne (74) que j’ai fait connaissance avec un terme qui m’était inconnu jusqu’à présent : l’école libérée.

Il s’agit de mon professeur de management, Guillaume Laravoire, inspiré par les livres et la philosophie d’Isaac Getz, particulièrement par l’ouvrage Liberté & Cie, paru en 2013, qui met en place cette technique pédagogique. Sortant d’une filière générale d’un lycée élitiste, il m’a fallu un certain temps pour m’adapter à cette manière d’apprentissage décalée. La mise en place de l’école libérée fut progressive. L’objectif des trois premiers mois était d’acquérir la confiance entre le professeur et les élèves. Une fois celle-ci acquise, nous avons passé un an et demi avec cette méthode d’enseignement. Durant les cours, notre professeur nous montrait des conférences d’Isaac Getz ainsi que de Laurence Vanhée afin que nous puissions voir que la philosophie du management libéré était très efficace également dans le monde du travail. Il nous invitait également à lire des livres parlant de l’entreprise libérée.

Assez dubitatif face à celle-ci au départ, j’ai finalement été conquis et suis devenu un véritable adepte de cette méthode qui casse les codes de l’éducation dite « classique ».

I. Découverte

Lorsque je parlais d’école libérée à mes amis, ce terme ne leur parlait pas, ils me demandaient donc systématiquement : En quoi cette pédagogie est-elle si différente ? Lorsqu’on me posait cette question, j’ai toujours répondu qu’il fallait participer aux cours pour vraiment s’en rendre compte. L’exemple que je donnais le plus souvent était le fait de pouvoir aller aux WC à n’importe quel moment du cours, sans même demander l’autorisation à notre professeur. Si nous lui demandions, sa réponse était « Plus tard, tu demanderas à ton patron pour aller aux toilettes ? » Il ne nous suffisait de rien de plus pour comprendre que nous étions certes dans une salle de classe, mais que nous devions d’ores et déjà nous mettre dans les mêmes conditions que dans le monde du travail. Le professeur n’est pas notre chef, c’est notre leader. Il n’était jamais à l’avant dans la salle de cours, mais toujours à l’arrière. Nous pouvons comparer cette attitude à une meute de loup qui se déplace, leur leader est toujours celui à l’arrière du groupe, il veille sur son troupeau.

Plus l’année avançait, moins la place du professeur dans le cours était importante. Le principe était que nous soyons autonomes et altruistes. Tout le monde doit pouvoir s’aider, questionner ses camarades et travailler en groupe afin d’avoir besoin le moins possible du professeur. Notre professeur était là pour nous rassurer et nous guider, non pas pour nous commander.

Je n’ai jamais été un élève très scolaire, mais grâce à l’école libérée, j’ai pris goût à venir en cours, prendre du plaisir à travailler, jusqu’à devenir un élément moteur de la classe. Je suis alors passé de spectateur de l’école libérée, à acteur.

II. Acteur 

Notre programme de management est rassemblé dans un manuel, qui parle de cas concrets. Appréciant énormément le management, je prenais de l’avance en faisant les chapitres chez moi au préalable. Notre cours de deux heures était réparti de la façon suivante : lors de la première heure, nous faisions le chapitre en groupe de travail ou individuellement. Nous ne demandions presque rien à notre professeur, nous avions le droit à toutes les ressources, ainsi qu’à internet à l‘aide de nos téléphones. La deuxième heure, c’est la correction du chapitre, avec le professeur. C’est le moment de poser le plus de questions possibles afin de bien comprendre tout le cours. Enfin, nous terminons par une interrogation en ligne – via une application sur nos téléphones – qui nous permettait de synthétiser notre cours et de pouvoir nous rendre compte de ce que ne nous avions peut-être pas compris.

Ayant fait mon chapitre avant le cours, la première heure ne m’était pas utile. Il fallait donc que je m’occupe durant cette partie du cours. Je me suis alors converti en acteur du cours. Je naviguais entre chaque groupe, afin de répondre à leurs questions par exemple. Cela me permettait d’une part de me faire revoir ce chapitre et d’autre part, faire comprendre des choses à mes camarades, ce qui est très appréciable et apprécié. Nous ne travaillions pas que pour notre propre réussite, mais celle de la classe entière.

Avant cette classe, il m’était très difficile d’expliquer à une autre personne une notion de cours de manière claire. Le fait de m’obliger à le faire avec mes camarades m’a permis d’apprendre à expliquer quelque chose afin que tout le monde puisse le comprendre. Nous pouvons retrouver ce fonctionnement avec la citation suivante : « Ce que nous devons apprendre à faire, nous l’apprenons en le faisant » Albert Einstein. Il est essentiel pour un manager de savoir expliquer, d’être patient et surtout de savoir écouter ses employés. Ce n’est pas parce qu’il est le manager qu’il est plus talentueux ou plus compétant que ces employés.
Enfin, nous étions en charge de faire nos propres évaluations. En effet, lorsque j’avais de l’avance sur mon cours, je préparais un quizz en ligne, sur lequel la classe était évaluée le cours d’après. La confiance était telle entre le professeur et les élèves, qu’il ne vérifiait pas nécessairement les questions qui allaient être posées. Pour pousser encore plus loin mon implication dans l’école libérée, j’ai également réalisé avec quelques camarades des vidéos de révisions que nous partagions à la classe afin d’obtenir 100% de réussite au baccalauréat, chose qui a eu lieu.

III. Exécution de cette philosophie dans le futur 

C’est à la fin de ma terminale, en Juillet 2019 que j’ai acquis l’ouvrage Leadership Sans Ego. Je me suis alors retrouvé plongé dans cette lecture passionnante et ai appris de très nombreuses choses, qui maintenant me paraissent évidentes. Mon objectif est de pouvoir un jour devenir un manager. Ma plus grande fierté serait de voir la satisfaction des employés au quotidien ainsi que leur plaisir de travailler en groupe. Je suis persuadé que ce mode de management est extrêmement positif et peut permettre à une entreprise d’être bien plus performante. Je crois également que le management autoritaire d’autre fois n’est plus d’actualité et qu’il est éphémère, comme tout ce qui nous entoure. Il faut savoir évoluer, changer des pratiques qui paraissent pourtant ancrée.

Je souhaite à terme pouvoir être également un ambassadeur du management libéré, de l’entreprise libérée et de pouvoir être considéré comme un manager, et non un chef.

Je tiens à remercier mon professeur Monsieur Laravoire qui sans lui je n’aurai jamais connu ce modèle pédagogique, ainsi que Monsieur Getz pour ses écrits plus qu’intéressants et qui vont pouvoir de plus en plus faire changer les mœurs de notre société.