Notre note : Ci-dessous un texte qu’une bonne connaissance à moi qui se définit comme «philosophe et consultant» a écrit à propos de l’intérêt d’une conférence sur le thème de l’entreprise libérée par un consultant local.

«L’entreprise libérée» n’est pas un «concept»…

Gardons nous dans l’entreprise de cette maladie de la « conceptualisation »…  on délimite, on enferme, et puis on tue dans l’oeuf…

A un concept en répond un autre, et les modes se succèdent, laissant le champ de l’action… stérile…

L’entreprise libérée (de ses guillemets même), n’est donc pas à conceptualiser… c’est une démarche, une mouvance, un mouvement, « une direction dans le bon sens »…

une réhabilitation du bon sens précisément… autrement dit, le contraire d’un concept…

Le bon sens traverse les âges, attaché à la pensée humaine, comme un garde-fou à ses digressions (corticales/cerveau gauche en général)…

Le bon sens des « faizeux » :  « Laissez nous faire… on n’a jamais cessé » (réf. Alexandre Jardin).

L’entreprise libérée… l’est de son carcan administrativo-technocratique… libérée des concepts en particulier, qui l’ont « corsetée », « mise en coupes normalisées », qui ont fini par paralyser les initiatives et les énergies… en optimisant son organisation : «l’opération a réussi, le patient n’a pas supporté»…

L’entreprise libérée, c’est le contraire d’une conceptualisation… elle est libérée pour entreprendre… c’est du concret… libérée de ses poids morts (l’administration), de ses freins (la hiérarchie), de ses blocages (les syndicats), de ses illusions (productivité/plein emploi/égalité/parité…)…

Le livre d’Isaac Getz et de Brian Carney (rendons à César…) n’énonce aucun concept, c’est un catalogue de « success stories », d’exemples quoi!

Le concept annonce, ou dénonce, une idéologie… l’entreprise libérée ne peut être l’enjeu d’aucune idéologie… c’est tout le contraire : une pratique guidée par le bon sens…

Les exemples décrits dans le livre ne sont pas normés, encore moins normalisés, les auteurs n’en sortent aucun concept, juste « une connivence »… une convergence d’idées, de points de vue et de pratiques, qui ne doivent pas leur unité à une uniformisation, mais à un résultat :

la réussite de l’entreprise conjuguée au bonheur des salariés…

N’enfermons pas non plus, « l’homme remis au centre de l’entreprise » – « l’homme acteur dans l’entreprise »… dans des corsets conceptuels…

Il n’y a pas de méthode, encore moins de recette… la méthode ici, c’est l’homme… pris dans sa totalité et autorisé à réhabiter son travail et son entreprise…

Attention à la tentation cartésienne qui va rechercher dans ces exemples d’entreprises libérées des points communs pour les ériger ensuite en règles, clefs et commandements… et finalement distiller un concept présentable et vendable…

Nous avons déjà connu cela avec les grands sportifs et les entreprises de l’excellence… les fabricants de typologies magiques sont toujours à l’affut…

Les duplications ne marchent pas, parce que le point commun relevé, une fois extrait du contexte qui l’a nourri, isolé comme une molécule de laboratoire, s’il est greffé tel quel, est irrémédiablement rejeté… « la pilule à gagner les batailles » n’a jamais existé… Napoléon en sait quelque chose…

Chaque entreprise porte en elle la clé de sa réussite… ce sont les hommes qui y travaillent…

Chaque dirigeant, quant à lui, détient « la clé de la clé »… par son comportement, il incite (ou pas), les hommes à faire jouer la clé dans la serrure…

 

Christian TRICOCHE

4/06/2015