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La presse économique parle beaucoup ces derniers temps d’entreprises fondées sur la confiance. Dans telle firme britannique ou française les salariés choisissent autant de vacances qu’ils souhaitent, dans telle organisation belge ou française les salariés décident quand et où —bureau ou domicile— ils veulent travailler, dans telle autre entreprise française ou américaine, les salariés décident de leur rémunération… Tout cela n’est pas nouveau. Des entreprises fondées sur la confiance existent en France et dans le monde depuis plusieurs décennies. En même temps, leur mode de fonctionnement paraissait toujours tellement inhabituel que certaines parmi elles étaient qualifiées… de sectes.

Il doit s’y passer des choses bizarres pour que les gens n’y profitent pas de la confiance qu’on leur accorde pour tricher. Cela étant dit, la crainte elle-même est légitime. Légitime d’autant plus que la bureaucratie hiérarchique des entreprises traditionnelles est une machine à fabriquer des tricheurs. Si ces dernières survivent malgré tous leurs malades imaginaires, leurs tire au flanc, leurs chiffres et rapports truqués —tout cela augmenté des coûts cachés du contrôle— c’est que les entreprises fondées sur la confiance survivront aux tricheries des 3% de profiteurs. Elles éviteront surtout de ne pas rajouter une nouvelle couche de contrôle chaque fois que quelqu’un profite de la confiance. Elles préféreront se séparer du profiteur plutôt que punir la majorité honorable.

Surtout pas de bisounours

Secte ? A voir, mais surtout pas de bisounours. Des arguments en faveur de la confiance comme ceux ci-dessus ne suffiront jamais, mais le fait est que ces entreprises n’arrêtent pas d’attirer l’attention des acteurs des entreprises traditionnelles, un peu comme pour combler un manque— de confiance justement. Et pourtant, la psychanalyse dira qu’on ne peut jamais combler des manques fondamentaux, sauf à se transformer pour s’en débarrasser. N’empêche. Récemment, un dirigeant partant en mission au Japon, et très intrigué par les entreprises fondées sur la confiance, m’a demandé si j’en connaissais une auJapon. Je lui ai conseillé de faire du benchmarking non pas des sociétés japonaises, mais… de la société japonaise.

Beaucoup d’Occidentaux qui reviennent du Japon font part de ce choc qu’ils ont vécu dans le train japonais. Ils ont vu un contrôleur entrer dans le wagon… s’incliner devant tous les passagers, puis, en partant du wagon, se retourner et s’incliner de nouveau. C’est sympa, diriez-vous, mais ils contrôlent les billets quand même. Vous avez raison, mais à la lumière de quelques faits suivants ils pourraient autant de ne pas le faire.

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