Dans son interview pour The New Times fait au lendemain de sa libération du 20 Déc. 2013, Khodorkovski répond ainsi à la question de la journaliste sur la pire chose qui lui est arrivée pendant 10 ans d’internement :

« Même si cela peut paraître l’étrange, je suis complètement indifférent aux conditions matérielles… Ce qui m’a vraiment affecté—et j’ignore si les autorités s’en rendent compte—c’est l’existence dénuée de sens…

« Dans le camp* on doit travailler 8 heures par jour… mais ce dont je m’occupais pendant ce temps était absurde—me faisait perdre le temps précieux de la vie. Je sais que si je veux écrire une belle lettre ou on bon article je dois le faire le matin—car je suis matinal. Mais pendant ce temps je collais des dossiers ou cousais des mitaines. C’est pour ça que je préférais la prison car le matin, je pouvais y terminer un livre ou écrire un article. Le plus répugnant dans la colonie c’est la perte fondamentale du temps et ce pendant des années. »

*L’institution de la « Colonie de Rééducation et de Travail » —où les internés sont obligés de travailler—date de la révolution communiste et devait s’opposer à la prison Tsariste—où les internés ne faisaient rien. À partir de 1921, certaines de ces colonies ont été à l’origine du Goulag. Elles retrouveront leur forme d’origine après la fin du stalinisme.